Voici l'interview complète de ma rencontre avec Hélène Audoin, habitante du quartier Fabien et parent d'élève FCPE au collège Fabien. C'est l'occasion d'aborder les questions du collège, politique départementale fondamentale du Conseil Général, notamment sur la place des élèves, des parents et de la communauté éducative, mais aussi sur le ressenti des projets menés par le Département. Cela m'a permis aussi de faire le point sur certains de mes combats et des propositions que je porte en tant que conseillère générale. Bonne lecture.Hélène : Je suis parent d’élève au collège Fabien. Au- delà des problèmes posés par la politique gouvernementale, le plus préoccupant est que c’est un lieu extrêmement fermé, il faudrait vraiment réussir à l’ouvrir au quartier et à la société.
Le collège a été rénové, c’est beau, et il faudrait permettre aux habitants d’utiliser la salle de sport, les salles dédiées à la culture. Parce que là c’est affolant, les parents n’y mettent jamais les pieds. Les enfants entre 11 et 15 ans y passent toutes leurs journées et ça reste un lieu qui fait peur.
Florence : C’est vrai que sur l’ouverture au quartier, ça n’avance pas. L’ouverture de la salle de sport aux habitants, le principe est acquis, mais cela fait deux ans qu’elle existe et ça bloque toujours, les administrations se renvoient la responsabilité du blocage. Il faut donc encore se mobiliser. Nous avons déjà accompli ensemble un bout de chemin, lors de la rénovation. J’avais mis en place une concertation régulière, pour obtenir la prise en compte de l’avis des gens. Ce n’était pas simple, mais on a obtenu une salle pour les parents, la prise en compte des besoins des profs pour leur salle. Il reste des problèmes de fin de travaux.
Hélène : la salle des parents c’est bien, nous pouvons y aller quand on veut. A quelques uns, nous organisons un café des parents un samedi par mois. On rame, on n’est pas très nombreux. S’il y avait des moments plus conviviaux, des raisons plus régulières d’entrer dans le collège, je pense que plus de parents oseraient venir. Pour l’instant, ils ont l’habitude d’être convoqués pour la remise des bulletins scolaires ou quand il y a un problème.
Plus globalement, je trouve qu’il faudrait plus de concertation entre l‘Education nationale et les institutions. Il n’y a pas de travail ensemble. Et je ressens une contradiction entre les principes annoncés pour l’école, l’apprentissage de la démocratie, de la citoyenneté, et la réalité de la vie au collège, pour les élèves comme pour les parents. C’est de la responsabilité de chaque institution.
Florence : et les parents devraient être moteurs de ces dialogues
Hélène : Par exemple il paraît qu’au Conseil général il y a un conseil des collégiens, les profs de Fabien n’étaient même pas au courant, je ne sais même pas ce que ça devient ?
Florence : à un moment, il y a eu un délégué, mais c’est vrai que les professionnels disent que c’est fait sans eux. C’est trop souvent le cas au Conseil général. Les initiatives sont décidées d’en haut, j’essaye de soutenir des projets qui viennent des gens. Ainsi les rendez vous du Conseil général pour les parents d’élèves à Bobigny, c’est intéressant, mais les thèmes pourraient être choisis plutôt par les parents, qu’on n’en reste pas à une réunion pour les « informer », et il faudrait que ces rendez vous soient dans tout le département ,pas seulement à la préfecture.
A Saint Denis, j’ai rencontré à plusieurs reprises la FCPE pour mettre au point des propositions communes, sur la démocratie, sur les conseils de disciplines et l’accompagnement des collégiens.
Héléne : Le problème, c’est de faire venir les parents, de réagir collectivement. Peu de gens y croient, et c’est normal : en théorie, le collège nous accueille, il y a des instances de dialogue, mais en pratique on a l’impression que c’est risqué, qu’on sera mal vu ou pas écouté. Deux exemples : au Conseil d’Administration, les parents d ‘élèves et les profs ont expliqué pourquoi ils n’étaient pas d’accord avec l’installation de la vidéosurveillance, pourquoi il nous semblait plutôt nécessaire de mettre du personnel. Mais en fait, ils ont fait semblant de nous écouté alors que c’était déjà décidé.
Et au sein même du collège, les enfants signent un règlement intérieur, mais sans que ce soit accompagné d’un travail sur les règles, et ensuite, les profs font ce qu’ils veulent par rapport à la règle et aux sanctions. On avait fait des réunions avec des enseignants volontaires pour réfléchir à des sanctions plus intéressantes, on avait fait des propositions mais il n’y a pas eu de suite.
Florence : Il faut continuer à en parler au CA. C’est essentiel que le lieu de vie des adolescents dans un quartier soit en lien avec le quartier, qu’il soit vécu comme un endroit positif, où on peut dire son mot. Ca n’est pas facile pour les parents d’oser dire, d’autant que le discours les culpabilisant est à la mode en politique. C’est pourquoi j’ai participé à de nombreux groupes de paroles organisé par le Parlement des femmes, sur la question des rapports parents, enfants, profs, avec l’idée d’être plus fort ensemble sur ces questions, d’apporter un regard neuf. Il faut maintenant continuer à le faire partager, avancer. Mon comité de soutien a aussi travaillé des propositions sur la question de la multiplication des conseils de discipline, leur déroulement et leurs conséquences. Le Conseil général n’a pas la compétence sur ce sujet, mais il ne peut pas s’en désintéresser. Suite à ce travail, la mairie et le Conseil général ont donc engagé un projet sur la déscolarisation, par rapport aux élèves exclus temporairement. Pendant cette exclusion, qu’est qu’on peut faire avec eux, pour que ce ne soit pas du temps perdu ? Nous avons conçu un lieu d’accueil, l’Education nationale doit fournir le personnel encadrant, pour l’instant ils ne l’ont pas fait. Sur trois collèges, nous avons mis un dispositif de prévention des exclusions.
Héléne : pour les exclus, qui vont dans un autre collège, la disparition de la carte imagin’R, ça veut dire payer plus pour aller dans un autre collège, ce n’est pas très bon pour la prévention du décrochage scolaire.
Pour finir sur une note positive, j’adore ce quartier, le square Fabien est une super réussite, il n’y a pas de problème parce que toutes les générations s’y croisent, il est bien conçu.
Florence : On l’a élaboré avec les usagers du square, les mères de familles essentiellement, puisque ce sont elles qui l’utilisent. Ainsi elles ont voulu des grilles vers la route, mais pas vers les logements. Les enfants ont dessiné une partie de l’aménagement, et j’espère qu’aujourd’hui ils en sont fiers.
pourquoi investir les salles du college fabien,il y a le gymnase maurice baquet et le palais des sports a proximité, je ne comprends pas la demarche?
RépondreSupprimerDeux raisons principales à cette demande que le gymnase du collège Fabien puisse être utilisé par les habitants du quartier:
RépondreSupprimer** Certes il y a le gymnase Maurice Baquet ou le parc des sports, mais ces équipements sont saturés par l'utilisation des clubs ou associations sportives. L'idée est donc de mutualiser les équipements sportifs des collèges qui ne sont utilisés qu'en journée et en semaine afin qu'ils puissent être mis à disposition par convention le soir ou les WE aux pratiques amateurs. Les demandes sont très nombreuses.
** Le collège ne doit plus être un lieu extérieur à son quartier, parfois ressenti comme "excluant" les jeunes ou les familles du quartier, mais au contraire devenir un équipement structurant du quartier où il est implanté. C'est tout l'enjeu du travail que je mène avec d'autres élus au Conseil général pour que les collèges en dehors des heures de cours deviennent des lieux ouverts sur l'extérieur et que s'approprient mieux les familles. Des expérimentations sont d'ailleurs menées dans de nombreux collèges d'ouverture le samedi matin pour des activités ludiques ou éducatives pour les habitants des quartiers concernés.