photo: S. Ouradou

samedi 28 mai 2011

Mon intervention à la séance de vote du budget du Conseil général sur les aides au transport

Monsieur le Président, cher-e-s collègues, Mesdames, Messieurs,

Je souhaite intervenir sur cette proposition d’amendement proposé par Gilbert Roger. Je rappelle que l’an passé, vous avez fait le choix de ne plus rembourser à 50% la carte Imagin’R pour tous les jeunes de Seine-Saint-Denis et d’augmenter le prix de la carte Améthyste de 15 à 40€.

Or il y a de véritables enjeux derrière ces décisions. J’en vois au moins trois. Un enjeu social, un enjeu de mobilité, un enjeu environnemental. Des enjeux qui sont pour notre département peut-être encore plus cruciaux qu’ailleurs.

 Tout d’abord l’enjeu social. Les Séquano-Dionysiens sont cruellement touchés par la crise sociale et les politiques toujours plus libérales du gouvernement. Quels qu’ils soient, leur pouvoir d’achat a été largement amputé ces dernières années par l’augmentation du chômage, l’augmentation du coût de la vie alors que les salaires ne bougent pas, par la précarisation croissante du travail, par la difficulté toujours plus grande de tous nos jeunes à s’insérer professionnellement. Par nos politiques départementales, nous nous devons au maximum d’atténuer la crise sociale. Ces mesures de suppression des aides au transport ont eu un coût important pour le porte-monnaie des habitants du département. Pour toutes les familles dont les enfants utilisent la carte Imagin’R, ce sont des centaines d’euros sur l’année qu’il a fallu débourser en plus. Pour les retraités aux faibles ressources, c’est le triplement du prix de la carte Améthyste, obligeant certains à faire le choix de ne plus la prendre, s’assignant par la même à rester à demeure dans leur quartier. C’est enfin des jeunes incités à frauder quand la famille ne peut plus prendre en charge le prix de la carte Imagin’R.


Le deuxième enjeu est celui de la mobilité. Alors que depuis des années le Département, la Région ont fait du développement des transports un axe fondamental de l’aménagement du territoire pour rattraper un retard immense. Alors que le Grand Paris fait du transport la première des priorités pour la métropole du futur, ces mesures vont à l’encontre de la promotion de la mobilité, notamment des jeunes et d’une partie des personnes âgées.

En effet la mobilité repose sur au moins 3 points qu’une politique des transports en commun doit tenir : l’amélioration des conditions de transport, le développement des offres de transport en quantité et en maillage de tout le territoire et une politique de prix accessible à tous. Certes, ce débat est aussi celui de la Région entre zone unique et baisse du coût pour l’usager et nous pouvons regretter ici ou là qu’elle ait du mal à tenir ses engagements. Mais la suppression des aides au transport est aussi un frein à la mobilité. Frein d’autant plus dommageable que nous sommes dans le département le plus jeune de France métropolitaine, que la mobilité est une condition essentielle de l’accès à la formation, à l’emploi, à la culture, aux loisirs, que l’assignation à résidence dans leur quartier va à l’encontre de l’épanouissement et de la réussite des jeunes du département, que la mobilité c’est la rencontre de l’autre et de l’ailleurs et la création d’une culture métropolitaine commune. Il en va de même pour les retraités fragiles qui ont du mal à se déplacer dans leur vie quotidienne.

Enfin l’enjeu de développement durable. Réduire l’usage de la voiture, promouvoir toutes les circulations douces et alternatives dont le transport en commun, c’est indispensable dans nos territoires urbains. Derrière le logement, le transport est la 2ème source de pollution et de gaspillage d’énergie pour la Seine-Saint-Denis. Ne pas se donner toutes les chances de favoriser d’autres modes de transport que la voiture, cela va à l’encontre de nos objectifs d’un département durable et soutenable pour l’environnement.

Ce n’est pas autre chose que nous ont dit les habitants pendant les élections cantonales. Que ce soit par le biais de la pétition que nous avons lancée avec d’autres collègues du département et de nombreux citoyens, ou par les rencontres de campagne, combien de retraités, combien de familles, combien de jeunes nous ont dit ne pas comprendre ce choix, nous ont demandé de revenir sur ces mesures, parce que ce n’était pas tenable pour leur porte-monnaie, pas tenable pour leur désir ou leur besoin de se déplacer.

Certes, les enjeux de développement des offres de transport sur le département vont bien au-delà de la suppression de ces aides, certes nous nous félicitons, que suite à nos demandes, il y ait un premier bouger sur la carte Imagin’R. Quant à la carte Améthyste, alors que Paris et les Hauts-de-Seine n’ont pas de critères d’attribution à caractères sociaux, nous sommes encore très loin du compte par rapport aux revendications légitimes des personnes âgées. J’ai néanmoins entendu les propositions de rencontre avec la Région.

Certes nos difficultés budgétaires nous empêchent probablement de tout rétablir sur une année. Mais il faut savoir reconnaître quand des mesures prises ont été des erreurs, car elles sont ressenties à juste titre comme une double peine par de nombreux Séquano-Dionysiens, déjà victimes des choix désastreux du gouvernement Sarkozy.

Alors regardons ensemble comment nous pouvons rétablir ces aides par paliers jusqu’à la fin de la mandature, en commençant dès aujourd’hui par le remboursement à 50% pour tous les collégiens, en rencontrant ensemble la Région car il est normal qu’elle participe au financement d’une partie des aides.

Cet amendement sur l’aide au remboursement de la carte Imagin’R est une première avancée, nous le voterons. Mais nous continuerons à nous battre aux côtés de la population pour rétablir ces aides à tous les jeunes de la Seine-Saint-Denis et pour le rétablissement de la carte Améthyste à 15€.

Je vous remercie.

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